Technologies de l’information et la communication et conseil agricole : dans quelles mesures les outils numériques peuvent-ils renforcer les réseaux locaux d’apprentissages.

Date de mise à jour : 14 juin 2018

Thèse de doctorat - Spécialité Sciences de gestion préparée par Chloé Alexandre à l'EDEG/Montpellier SupAgro (France).

Période : 2017-2020

Résumé:

Les technologies de l’information et de la communication ont un potentiel fort pour faciliter la collecte, le traitement et le partage de donner et peuvent ainsi constituer des outils intéressants pour faciliter le transfert ou la co-construction de connaissances, notamment dans le domaine agricole (World Bank 2017).

Les solutions technologiques qui peuvent être développées pour appuyer les agriculteurs, leurs représentants (organisations paysannes) ou les conseillers sont divers : systèmes de suivi-évaluation, systèmes d’informations sur les prix et les marchés, sur la météo, bases de données ouvertes et/ou collaboratives, utilisation de capteurs, outils de modélisation, supports de formation audiovisuels, bourses virtuelles, outils de e-commerce, centre d’appels, outils d’aide à la décision … (Zyl et al. 2012). Toutefois, elles ne sont pas toutes adaptées au contexte et aux besoins des agriculteurs des pays où les équipements (matériel informatique, …) et les infrastructures (bande internet, réseau mobile, énergie -World Bank 2012) ne sont pas accessibles pour tous et à tout instant. De plus, leur impact réel au niveau des agriculteurs reste à prouver (Aker et al. 2016; Baumüller 2018).

Certains acteurs du développement (bailleurs, ONG, recherche, entreprises sociales, multinationales) mettent en avant le potentiel des TICs qui pourraient, en Afrique de l’Ouest, complémenter et/ou renforcer les services de conseil agricole existants (WB, 2017). La GSMA (organisation représentant les intérêts des opérateurs mobiles à l’international) a repéré en 2017 plus de 25 services ‘M-Agri’, mais il existe de nombreuses autres initiatives inconnues car non-commerciales et/ou de plus faible ampleur[1].

Au Burkina Faso, , où près de 80% de la population active est agricole, le système national de vulgarisation et de conseil fait face à plusieurs défis, notamment : la faible prise en compte des savoirs locaux et des réalités socioculturelles dans les processus de génération et de diffusion des nouvelles connaissances, techniques, technologies ; la faible liaison entre les acteurs de la recherche et les vulgarisateurs ou les acteurs du développement ; la réduction numérique et le vieillissement des agents techniques du Ministère ; l’absence de coordination des activités au niveau national (SNVACA, 2010).

Les acteurs de l’appui-conseil cherchent à y développer des services à destination des agriculteurs utilisant TICs. Le Ministère de l’Agriculture a notamment annoncé, lors la cérémonie d’ouverture de la campagne agricole en mai 2017, le lancement de l’initiative E-vulgarisation : « L’approche classique de vulgarisation et d’appui-conseil agricole basée sur le contact direct avec les agents et les producteurs, ne suffit pas. La quête d’approches plus adaptées pour répondre en temps réel aux besoins d’information ressentis par les différents acteurs du monde rural, devient une nécessité »[2]. Bailleurs de fonds, ONG internationales, entreprises sociales ou multinationales supportent également l’utilisation des TICs, généralement dans le cadre de projet de développement, impliquant à des degrés variables les acteurs traditionnels du conseil agricole et les structures locales. Ces différents acteurs se heurtent à plusieurs difficultés, dès le stade de conception des outils.

L’objet de ce travail de thèse est donc de comprendre comment des solutions technologiques de construction et partage de connaissances peuvent être développées de manière à renforcer durablement les réseaux locaux d’apprentissages.

Pour répondre à ces questions, une première phase sera consacrée à la caractérisation des services existants actuellement au Burkina, en mettant en lumière la nature des outils mobilisés, mais aussi les relations entre les différentes organisations. Il s’agira aussi de retracer le processus de conception et mise en œuvre de ces différents outils et services.

Par la suite 3 études de cas seront menées à deux niveaux : organisation de conseil et agriculteurs, afin de comprendre les transformations induites par la conception, la mise en œuvre et l’utilisation de ces solutions TICs, avec un focus sur les apprentissages et les besoins d’accompagnement que leur usage génère. A ce stade de la thèse, l’identification de ces 3 études de cas reste à préciser. Le choix dépendra des échanges avec les organisations de conseil locales rencontrées (service public, organisation paysanne, recherche, ONG, …), ayant déjà développé ou ayant amorcé la conception d’un service d’information ou conseil mobilisant les TICs, et montrant un intérêt pour l’expertise pouvant être apportée dans le cadre de cette thèse.

Bibliographie

Aker, Jenny C., Ishita Ghosh, et Jenna Burrell. 2016. « The Promise (and Pitfalls) of ICT for Agriculture Initiatives ». Agricultural Economics 47 (S1): 35‑48. https://doi.org/10.1111/agec.12301.

Baumüller, Heike. 2018. « The Little We Know: An Exploratory Literature Review on the Utility of Mobile Phone-Enabled Services for Smallholder Farmers ». Journal of International Development 30 (1): 134‑54. https://doi.org/10.1002/jid.3314.

World Bank. 2012. « E-Transform Africa: The Transformational Use of ICTs in Africa. » The World Bank, African Development Bak, support from the African Union. http://documents.worldbank.org/curated/en/802551468204543390/pdf/882230WP0Box3800Agriculture0summary.pdf.

———. 2017. ICT in Agriculture (Updated Edition): Connecting Smallholders to Knowledge, Networks, and Institutions. The World Bank. https://doi.org/10.1596/978-1-4648-1002-2.

Zyl, Omri Van, Trish Alexander, Liezl De Graaf, et Kamal Mukherjee. 2012. « ICTs for agriculture in Africa ». Deloitte for the World Bank.

[1] https://www.gsma.com/mobilefordevelopment/m4d-tracker/magri-deployment-tracker/

[2] Vidéo réalisée lors du lancement du service 321 de Orange.

Date de mise à jour : 14 juin 2018