Période : 2016-2020

Résumé:

La filière coton représente un moteur important du développement des zones de savane où elle constitue une culture stratégique, compte tenu de son rôle dans l’amélioration des revenus des producteurs (Koffi, 2011 ; Gergely, 2010). En plus de son rôle de stabilisation des populations, elle joue également un rôle de secteur créateur d’emploi agricole pour les jeunes déscolarisés (Chiapo, 2001). Cependant, dans le contexte de privatisation et de libéralisation, divers dysfonctionnements apparaissent et vont gravement perturber la filière coton. Ils sont imputables à plusieurs facteurs (crise sociopolitique, insuffisances dans la politique de libéralisation, baisse de la production, déprime des cours mondiaux, non-respect des zones d’intervention définie par la libéralisation, etc.) (Koffi, 2013). En outre, le défaut de l’adaptation des itinéraires techniques aux changements climatiques pour garantir la durabilité de cette culture, fait également parti des difficultés que rencontre cette filière. De même, les systèmes de production demeurent peu performants. A cela s’ajoute aussi la réduction voire la disparition des jachères, la baisse de la fertilité des sols, la dégradation et l’érosion des sols dans de nombreuses situations, etc.

Par ailleurs, les différents programmes de mécanisation de l’agriculture cotonnière mis en œuvre par les pouvoirs publics avec la collaboration des partenaires au développement à travers le soutien au développement de la culture attelée et de la motorisation ont obtenu des résultats en dessous des attentes (Clarke et Bishop, 2002). Pourtant l’un des facteurs clés de la croissance du secteur agricole en Asie et en Amérique latine a été la mécanisation. Aujourd’hui, la seule forme de mécanisation la plus répandue dans le bassin cotonnier ivoirien est celle de la culture attelée (Houmy et al, 2016). Mais dans un environnement concurrentiel, soutenu par la course à la productivité, les exploitations à culture attelée ne sont pas les plus compétitives. En effet, bien que la culture attelée présente des avantages certains, les rendements des exploitations en culture attelée sont significativement éloignés de ceux des exploitations en culture motorisée.

Face à ces changements rapides de contexte, cette thèse vise à étudier les conditions d’intégration de la mécanisation agricole durable dans le bassin cotonnier, l’amélioration de la production et de la productivité des exploitations agricoles. Ainsi, elle articulera quatre grandes tâches.

• Etat des lieux de la mécanisation agricole en Côte d’Ivoire : elle s’intéressera aux bilans diagnostics de la mécanisation agricole de façon générale et spécifique dans le bassin cotonnier ivoirien, en vue de tirer les enseignements des expériences passées pour les décideurs, les différents acteurs et de faire des propositions pour son développement durable (Side et Havard, 2014 ; Tersiguel, 1995).
• Trajectoires possibles de mécanisation des exploitations cotonnières : elle analysera les conditions de mécanisation des exploitations des zones cotonnières. Cette démarche se basera sur : (a) la durabilité économique, c’est-à-dire la mécanisation doit permettre d’améliorer les revenus des producteurs et être rentable ; (b) la durabilité environnementale en prenant en compte la dégradation des sols (érosion, compaction) ; (c) la durabilité sociale pour une bonne insertion de la mécanisation dans le contexte agricole et social (gestion foncière, acquisition et transmission de savoir-faire pour les tractoristes, mécaniciens, …).
• Déterminants de l’adoption de la mécanisation en zone cotonnière : elle étudiera les facteurs pouvant influencer le choix de décision des producteurs quant à l’adoption de technologies et de l’intensification agricole.
• Mécanisation et intensification écologique des systèmes de production : en effet, dans le bassin cotonnier, les opérations de défrichement et de préparation des sols se font sans mesure conservatoire des sols et de la végétation, ce qui engendre une dégradation accrue de la fertilité des sols (Side et Havard, 2014). A cet effet, cette dernière partie de notre étude portera sur les choix des techniques et des équipements de défrichement et de préparation des sols les plus adapté aux conditions agronomiques et pédoclimatiques pour le rendement des productions et de la fertilité des sols surtout dans un contexte de changements climatiques.