Vivre de l’agriculture dans la ville africaine. Une géographie des arrangements entre acteurs à Bobo-Dioulasso, Burkina Faso.

Date de mise à jour : 21 février 2016

Thèse de doctorat - Spécialité Géographie et aménagement de l’espace, soutenue par Ophélie Robineau le 3 décembre 2013 à l'Université Montpellier 2.

Résumé:

Cette thèse porte sur l'analyse des dynamiques de développement de l'agriculture urbaine à Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso. Elle s’intéresse à la façon dont les agriculteurs arrivent à vivre et produire en ville en s’appuyant sur une démarche systémique centrée sur les interactions ville-agriculture. Elle cherche à décrypter les facteurs d’intégration de l’agriculture au système urbain. Cette intégration peut être d’ordre économique, socio-spatial, naturel, technique, et politique. Dans toutes ces dimensions de l’intégration, les arrangements entre acteurs sont un facteur de maintien de l’agriculture en ville : c’est la thèse défendue ici. Dans la première partie, la thèse retrace l’évolution des liens entre la ville et l’agriculture depuis l'origine de la ville, et décrit la diversité des dynamiques agricoles à l’oeuvre dans la ville et ses franges urbaines. Le développement de Bobo-Dioulasso, carrefour commercial de produits agricoles, est fortement basé sur le dynamisme agricole régional. Dynamiques régionales et urbaines ont favorisé le développement multiforme de l’agriculture urbaine : cette agriculture s’est développée, transformée et adaptée et est aujourd’hui pratiquée par une multitude d’acteurs urbains. Dans un deuxième temps, cette thèse analyse les pratiques agricoles et les arrangements socio-spatiaux entre acteurs. Les agriculteurs urbains, à travers des arrangements avec d’autres acteurs, arrivent à maintenir des formes agricoles contrastées en ville : les maraîchers, à travers une logique de mobilité au sein de l’espace urbain et des arrangements à la fois avec des acteurs institutionnels et des fournisseurs d’intrants, accèdent à des ressources essentielles à la conduite de leur activité. Les éleveurs de porcs quant à eux, ont une logique de mobilité réduite : les arrangements se basent sur une mise en invisibilité de l’élevage à la fois politique, spatiale et sociale, et les liens qu’ils développent pour accéder à des ressources externes sont ancrés dans un voisinage proche. Enfin, cette thèse souligne le rôle qu'ont les acteurs et les projets institutionnels dans l'aménagement ou l'ouverture d'espaces publics à l'agriculture. Les politiques urbaines prennent inégalement en compte les différentes formes d’agriculture en présence. Les formes officiellement promues le sont via des projets agricoles sur des espaces publics, mais l’étude du cas des trames vertes met en évidence le décalage entre la conception du projet et l’utilisation effective de cet espace par les citadins, combinant l’agriculture à d’autres usages. Cette thèse se conclut par une discussion du rôle des arrangements informels dans les trajectoires de maintien d'agriculteurs urbains à faibles ressources.

Mots clés : agriculture urbaine, Afrique, intégration ville-agriculture, analyse systématique, système agri-urbain, pratiques agricoles, mode d’habiter, informalité, politiques urbaines, ville africaine, maraîchage, élevage urbain, trame verte, frange urbaine, fumure organique.

Date de mise à jour : 21 février 2016