Co-conception de systèmes agro-sylvo-pastoraux plurispécifiques innovants : introduction de banques de protéines et de cultures fourragères dans les petits élevages laitiers de l'ouest du Burkina Faso

Date de mise à jour : 25 avril 2019

Thèse de doctorat - Spécialité Système de production Animale/ Alimentation et nutrition, soutenue par Ollo Sib en décembre 2018 à l'Université Nazi Boni de Bobo-Dioulasso (Burkina Faso).

Résumé:

Pour faire face à l’augmentation de la demande en produits laitiers en Afrique de l’Ouest, les producteurs de lait demandent des innovations pour produire à coût limité, des fourrages de qualité principalement pour alimenter les vaches durant la saison sèche. L’objectif de cette étude était de concevoir en partenariat avec les producteurs, un système fourrager innovant qui n’a jamais été testé en milieu réel dans ce contexte, intégrant des banques fourragères arbustives (BFA) à haute densité, d’évaluer leur potentialité fourragère et leur faisabilité, et leur effet sur les performances des vaches laitières. Cette étude a été réalisée à l’Ouest du Burkina Faso en adoptant la méthode de conception "pas à pas" visant à faire évoluer le système fourrager actuel. D’abord un diagnostic a été réalisé sur un échantillon limité de 18 producteurs de lait répartis dans trois sites contrastés afin de caractériser finement leurs pratiques de production; puis une expérimentation de BFA (à 20 000 plants/ha) composées de Morus alba et de Leucaena leucocephala chez six producteurs volontaires et enfin une évaluation ex-ante de l’effet des BFA chez deux producteurs. Pour les 3 premières BFA installées en 2016, à 13 mois après la plantation (jp), Leucaena leucocephala mesurait 183,4±20,4 cm de hauteur alors que Morus alba mesurait 153±5,3 cm. Ces performances ont été d’ailleurs affectées entre jp+7 et jp+10 par la qualité du sol, les attaques de termites, la sècheresse et les pratiques agronomiques. La biomasse cumulée sur les trois coupes d’exploitation (à jp+13, jp+15 et jp+18 mois) était plus élevée avec Leucaena leucocephala (8,2±2,6 t MS/ha) comparativement à Morus alba (1,8±2,3 t MS/ha). Le coût de production de fourrage de BFA sur un hectare, estimé à 167 FCFA/kg pourrait être plus bas si elle est installée par le producteur avec ses propres ressources locales (56 FCFA/kg). Les valeurs nutritives des fourrages en font des fourrages potentiellement intéressants pour booster les performances des vaches. L’évaluation ex-ante a montré la potentialité des BFA à améliorer le bilan fourrager et alimentaire des exploitations laitières et à améliorer l’état corporel des vaches tout en favorisant une introspection des producteurs face à leurs pratiques actuelles. Ces premiers résultats ont montré que les BFA présentent un potentiel de production intéressant et se sont avérées techniquement faisables, et résistantes aux principales agressions possibles (feux, termites). Mais ce potentiel mériterait d’être confirmé en prolongeant le suivi des BFA. De plus une adaptation du dispositif doit être recherchée, pour alléger le coût d’installation et le rendre à la portée des producteurs et créer un environnement adapté pour soutenir le développement de cette innovation auprès des acteurs.

Mots clés: Systèmes fourragers, Arbres fourragers, Technologie fourragère, Alimentation des ruminants, Production laitière, Burkina Faso (Afrique de l'Ouest)

Date de mise à jour : 25 avril 2019